La variole du singe évolue chez les humains depuis au moins 2016
De nouvelles recherches pourraient modifier la façon dont le mpox, anciennement connu sous le nom de variole du singe, est devenu un problème pour les humains. Des chercheurs ont trouvé des preuves que des souches du virus circulaient entre les humains depuis au moins 2016, des années avant qu’il ne provoque une épidémie mondiale inattendue en 2022. Bien que le nombre de cas signalés de cette maladie virale ait considérablement diminué depuis, les résultats suggèrent qu’il sera encore plus difficile que prévu d’éradiquer complètement cette maladie.
Image d’entête : une particule du virus de la variole du singe. (CDC)
La variole du singe (mpox) provoque des symptômes similaires à ceux de la variole, notamment de la fièvre, des maux de tête et des lésions. Pourtant, historiquement, les humains n’ont jamais attrapé le virus que par l’intermédiaire de petits mammifères, tels que les singes ou les rongeurs, et non par d’autres humains. Une étude dirigée par l’épidémiologiste Áine O’Toole, de l’université d’Édimbourg, vient de mettre en évidence une « transmission humaine soutenue » en dehors des pays africains où l’on connaît des réservoirs de virus de la variole.
Selon O’Toole et ses collègues, ces résultats constituent un « changement fondamental » dans la manière dont les experts perçoivent la propagation de ce virus. Ils soulignent également la nécessité de diffuser de nouveaux messages publics sur la gestion et le contrôle des épidémies.
Le Mpox a été identifié pour la première fois par les scientifiques dans les années 1950, lorsqu’une curieuse maladie a frappé un groupe de singes de recherche au Danemark. Plus tard, dans les années 1970, le premier cas humain a été officiellement signalé chez un nourrisson de la République démocratique du Congo.
Pendant de nombreuses décennies, la transmission interhumaine est restée exceptionnelle. La plupart des personnes atteintes de la variole humaine attrapaient le virus par l’intermédiaire de divers mammifères en Afrique centrale, orientale et occidentale (bien que la source originelle du virus reste inconnue). Puis, en 2017, une épidémie de variole a frappé le Nigeria et, en 2022, elle est devenue internationale pour la première fois.
Lorsque les chercheurs ont séquencé les génomes de ces premiers cas de variole dans le monde, ils ont identifié une lignée du virus appelée clade IIb, qui est très rarement mortelle, mais dont la gravité est bien pire pour les personnes dont le système immunitaire est affaibli. Cette lignée répandue dans le monde entier semblait différente des autres souches endémiques en Afrique, et les chercheurs ont maintenant montré que cela pouvait être dû à une transmission interhumaine.
Presque toutes les mutations identifiées dans la lignée du clade IIb sont caractéristiques d’une exposition à une enzyme humaine jouant un rôle antiviral. Cette enzyme immunitaire, appelée APOBEC3, agit sur l’ADN du virus de la variole du singe et tend à provoquer une mutation irréversible qui modifie la séquence des paires de bases dans le génome viral de manière prévisible. Chaque fois que le virus rencontre un être humain, ces mutations s’accumulent. Cela ne signifie pas nécessairement que le virus mute pour se propager plus facilement parmi les humains, bien que cela reste une possibilité. Il se pourrait plutôt que le corps humain dépose sa signature neutre sur le virus.
Quoi qu’il en soit, les mutations s’accumulent rapidement, ce qui laisse supposer une propagation assez importante. O’Toole et ses collègues prévoient que le système immunitaire humain est confronté à cette lignée particulière de virus mpox depuis environ 7 ans. Bien que certains cas de variole humaine proviennent encore d’animaux, les chercheurs concluent que « la plupart des cas survenus depuis 2016 sont probablement le résultat d’une transmission interhumaine » et que cette transmission « se poursuit sans relâche ».
Il se peut que certains endroits où sévissent des épidémies de variole du singe n’aient pas encore été identifiés, et qu’ils alimentent d’autres épidémies ailleurs dans le monde par le biais de voyages.
Selon les chercheurs :
Il est essentiel que la santé publique mondiale accorde aux cas de virus de la variole dans les pays qui sont historiquement considérés comme ayant des espèces réservoirs endémiques la même attention et la même préoccupation qu’ailleurs. La surveillance doit être mondiale si l’on veut éliminer le virus de la variole de la population humaine et empêcher sa réapparition.
L’étude publiée dans Science : APOBEC3 deaminase editing in mpox virus as evidence for sustained human transmission since at least 2016.