Cela devra rester ainsi : la moitié de notre planète est encore exempte d’une influence humaine significative
Le Guru revient sur l’actualité scientifique de la semaine dernière, alors qu’il était en pause pour son appel aux dons qui n’est pas encore terminé et c’est par ici !
Environ la moitié des territoires sans glace de la Terre restent libres de toute influence significative de l’humain, selon une nouvelle étude qui a évalué la conversion (par ce dernier) des terres naturelles à travers le globe. Les résultats soulignent l’importance de protéger les écosystèmes du monde contre les répercussions des activités humaines.
Image d’entête : une vue sur le Parc national des Monts-Torngat (Canada). (Anne Farrar/ National Geographic)
L’expansion des populations et de l’économie humaines s’est accompagnée d’une augmentation de notre empreinte sur les environnements naturels, avec de vastes étendues de terres utilisées pour l’agriculture et les activités d’extraction. Seuls 15 % de la surface terrestre sont aujourd’hui officiellement protégés, un chiffre qui, selon les organisations de protection de la nature, doit être largement augmenté.
Les premiers efforts pour cartographier l’empiètement de l’humain sur les environnements naturels remontent aux années 1980. Mais ces premières cartes, bien que révolutionnaires, étaient rudimentaires en raison des limites des données et de l’informatique, jusqu’à aujourd’hui.
Une équipe de chercheurs dirigée par Jason Riggio, de l’université de Californie (Etats-Unis) , a examiné quatre cartes distinctes présentant l’influence humaine dans le monde à différentes périodes entre 2009 et 2015. Cela les a aidés à créer une carte mondiale composite mettant en évidence les zones où les humains ont le moins d’influence.
Les quatre cartes analysées ont montré qu’entre 20 % et 34 % de la surface terrestre libre de glace a une très faible influence humaine, tandis qu’entre 48 % et 56 % de la surface mondiale a une faible influence humaine. Trois des quatre cartes analysées suggèrent que 46% de la surface du globe qui est couverte de glace non permanente a une faible influence humaine.
Parmi les plus grandes zones à faible impact, on trouve de vastes étendues de forêts boréales et de toundra dans le nord de l’Asie et en Amérique du Nord, ainsi que de vastes déserts comme le Sahara en Afrique et l’Outback australien. Ces zones ont tendance à être plus froides et/ ou plus sèches et moins propices à l’agriculture.
La chaîne de montagnes Brooks s’étend à travers le nord de l’Alaska. Les forêts boréales d’Amérique du Nord sont parmi les plus grandes zones où l’impact humain est relativement faible. (Jason Riggio/ UC Davis)
Il est inquiétant de constater que moins de 1 % des prairies tempérées, des forêts tropicales de conifères et des forêts tropicales sèches ont une très faible influence humaine. Les chercheurs ont également constaté que moins de 1 % des prairies tropicales, des mangroves et des prairies de montagne ont une très faible influence humaine.
Selon le coauteur de l’étude, Erle Ellis, professeur de géographie à l’université du Maryland-Baltimore County :
Bien que les utilisations humaines des terres menacent de plus en plus les habitats naturels restants de la Terre, en particulier dans les zones plus chaudes et plus hospitalières, près de la moitié de la Terre se trouve encore dans des zones sans utilisation intensive à grande échelle.
L’analyse suggère que :
La tendance générale est que nous continuons à perdre des paysages naturels et que l’influence globale de l’homme augmente à l’échelle. Mettre en évidence les quelques zones restantes sur la Terre qui ont peu d’impact humain pourrait également aider les gouvernements et les organisations à planifier et à établir des priorités quant aux zones du monde à protéger.
Une carte de l’impact humain sur les terres naturelles, avec des zones vertes représentant les zones à faible impact et des zones violettes à impact plus important. (Riggio et. Coll/ UC Davis)
L’étude a pour but d’informer la prochaine Convention sur la diversité biologique (CDB), qui vise à établir des objectifs spécifiques et ambitieux pour protéger les écosystèmes terrestres et aquatiques. La réunion devait avoir lieu cette année en Chine, mais a été repoussée à 2021 sans date précise en raison de la pandémie de coronavirus.
Les chercheurs ont fait valoir que la pandémie actuelle illustre l’importance du maintien des terres naturelles pour séparer l’activité animale et humaine. Des études ont montré la probabilité que le SRAS-CoV2, le virus qui provoque la maladie COVID-19, soit un virus zoonotique qui est passé des animaux aux humains.
Selon l’auteur principal, Andrew Jacobson, professeur au Catawba College en Caroline du Nord :
Le risque de maladies comme COVID-19 pour l’homme pourrait être réduit en arrêtant le commerce et la vente d’animaux sauvages, et en minimisant l’intrusion humaine dans les zones sauvages.
Les chercheurs ajoutent, pour le futur :
Le résultat encourageant de cette étude est que si nous agissons rapidement et de manière décisive, il y a une mince fenêtre par laquelle nous pouvons encore conserver environ la moitié des terres de la Terre dans un état relativement intact.
L’étude publiée dans Global Change Biology : Global human influence maps reveal clear opportunities in conserving Earth’s remaining intact terrestrial ecosystems et présentée sur le site de l’université de Californie à davis : Half the Earth Relatively Intact From Global Human Influence.