Pas de panique ! En fait, la Terre est beaucoup plus proche du trou noir supermassif au centre de notre galaxie
Selon une nouvelle, la position du système solaire est non seulement plus proche du centre de la galaxie, et du trou noir supermassif qui s’y trouve, Sagittaire A* (Sgr A*), mais il l’orbite plus rapidement.
Image d’entête : nouvelle carte de la position et de la vitesse de la Voie lactée. Les flèches indiquent la position et la vitesse des 224 objets utilisés pour modéliser la Voie lactée. Les lignes noires continues indiquent les positions des bras spiraux de la galaxie. Les couleurs indiquent les groupes d’objets appartenant à un même bras. L’arrière-plan est une image de simulation. (National Astronomical Observatory of Japan)
Il n’y a pas lieu de s’inquiéter, nous ne nous rapprochons pas vraiment de Sgr A*, et nous ne risquons pas d’être absorbés. Au contraire, cette carte de la Voie lactée a été ajustée, identifiant plus précisément où nous étions depuis le début.
Et l’étude démontre magnifiquement combien il est délicat de cartographier une galaxie en trois dimensions depuis l’intérieur.
C’est un problème qui a longtemps perturbé notre perception des phénomènes spatiaux. Il est relativement facile de cartographier les coordonnées bidimensionnelles des étoiles et autres objets cosmiques, mais les distances qui nous séparent de ces objets sont beaucoup plus difficiles à déterminer.
Et les distances sont importantes, car elles nous aident à déterminer la luminosité intrinsèque des objets. Un exemple récent de ce phénomène est celui de l’étoile géante rouge Bételgeuse, qui s’est révélée plus proche de la Terre que ne le laissaient supposer les mesures précédentes. Cela signifie qu’elle n’est ni aussi grande ni aussi brillante que nous le pensions.
Un autre exemple est l’objet CK Vulpeculae, une étoile qui a explosé il y a 350 ans. Elle est en fait beaucoup plus éloignée, ce qui signifie que l’explosion était plus brillante et plus énergétique, et nécessite une nouvelle explication, puisque les analyses précédentes ont été effectuées en supposant qu’il s’agissait d’une énergie relativement faible.
Mais nous nous améliorons dans le calcul de ces distances, grâce à des études utilisant les meilleures technologies et techniques disponibles, qui travaillent sans relâche pour affiner les cartes tridimensionnelles de la Voie lactée, un domaine connu sous le nom d’astrométrie. Et l’une d’entre elles est le relevé de radioastronomie VERA, réalisé par la collaboration japonaise VERA.
VERA signifie VLBI (Very Long Baseline Interferometry) Exploration of Radio Astrometry, et il utilise un certain nombre de radiotélescopes à travers l’archipel japonais, combinant leurs données pour produire efficacement la même résolution qu’un télescope avec une antenne parabolique de 2 300 kilomètres de diamètre. C’est le même principe que celui de l’Event Horizon Telescope qui a produit notre toute première image directe de l’ombre d’un trou noir.
Le réseau VERA est composé de 4 stations japonaises situées à Mizusawa, Iriki, Ogasawara, Ishigaki-jima. (VERA)
VERA, qui a commencé ses observations en 2000, est conçu pour faciliter le calcul des distances aux étoiles radio-émissives en calculant leur parallaxe. Grâce à son incroyable résolution, il scrute ces étoiles pendant plus d’un an, et observe comment leur position change par rapport aux étoiles qui sont beaucoup plus éloignées lorsque la Terre tourne autour du Soleil.
Ce changement de position peut ensuite être utilisé pour calculer la distance d’une étoile par rapport à la Terre, mais toutes les observations de la parallaxe ne sont pas égales. Le VLBI peut produire des images de bien plus haute résolution. VERA a une résolution angulaire époustouflante de 10 millionièmes de seconde d’arc, ce qui devrait produire des mesures astrométriques d’une extraordinaire précision.
(National Astronomical Observatory of Japan)
Et c’est ce que les astronomes ont utilisé pour affiner la position de notre système solaire dans la Voie lactée. Sur la base du premier catalogue d’astrométrie VERA de 99 objets publié au début de l’année, ainsi que d’autres observations, les astronomes ont créé une carte de la position et de la vitesse de ces objets.
À partir de cette carte, ils ont calculé la position du centre galactique (indiqué par CG dans la carte en entête).
En 1985, l’Union astronomique internationale a défini la distance au centre galactique comme étant de 27 700 années-lumière. L’année dernière, la collaboration GRAVITY l’a recalculée et l’a trouvée plus proche, à seulement 26 673 années-lumière.
Les mesures basées sur VERA le rapprochent encore plus, à une distance de seulement 25 800 années-lumière. Et la vitesse orbitale du système solaire est également plus rapide, 227 kilomètres par seconde, au lieu de la vitesse officielle de 220 km/s.
Ce changement peut sembler insignifiant, mais il pourrait avoir un impact sur la façon dont nous mesurons et interprétons l’activité du centre galactique, ce qui, espérons-le, nous permettra d’obtenir une image plus précise des interactions complexes autour de Sgr A*.
En attendant, la collaboration VERA va de l’avant. Non seulement elle continue à observer les objets de la Voie lactée, mais elle s’associe à un projet encore plus vaste, le réseau VLBI d’Asie de l’Est. Ensemble, espèrent les astronomes, les télescopes impliqués dans ce projet pourraient fournir des mesures d’une précision sans précédent.
L’étude publiée dans The Publications of the Astronomical Society of Japan : The First VERA Astrometry Catalog et présentée sur le site du VERA : Earth Faster, Closer to Black Hole in New Map of Galaxy.