Le changement climatique est à l’origine d’une maladie de peau mortelle chez les dauphins
En 2005, des scientifiques ont commencé à remarquer un problème de peau spécifique dans les populations de dauphins côtiers, qui s’est vite avéré couvrir jusqu’à 70 % de leur corps et pourrait être fatal. Une nouvelle étude montre que la fréquence et la gravité croissantes des tempêtes dues au changement climatique constituent le facteur clé de cette nouvelle maladie, en modifiant radicalement la salinité des eaux dans lesquelles vivent ces animaux.
Le changement climatique transforme les systèmes météorologiques de la Terre et la fréquence accrue des tempêtes est l’une des conséquences de ce nouveau monde dans lequel nous vivons. Des études ont montré que le réchauffement de la couche supérieure de l’océan contribue à l’augmentation de la puissance des ouragans, tandis que des rapports de l’Organisation météorologique mondiale ont montré que les phénomènes météorologiques extrêmes, comme les cyclones et les fortes pluies, sont de plus en plus fréquents dans le monde.
L’un des sous-produits de ces phénomènes est le déversement d’énormes quantités d’eau douce dans des eaux par ailleurs salées, ce qui entraîne des baisses rapides et importantes de la salinité qui peuvent durer des mois. Pour les dauphins qui vivent dans les zones côtières, cela signifie un changement soudain vers des situations inhabituelles et défavorables, bien que les scientifiques n’aient pas été en mesure d’établir un lien entre ces événements liés au changement climatique et le bien-être des dauphins.
C’était jusqu’à ce qu’une paire d’événements de mortalité récents et très similaires se produisent en Australie parmi deux populations différentes de dauphins côtiers, d’où l’on pouvait tirer quelques parallèles distincts. Les deux groupes de cétacés présentaient une peau tachetée et des lésions couvrant jusqu’à 70 % de leur corps, portant des espèces fongiques et bactériennes et une décoloration. Les deux épidémies faisaient suite à une « baisse abrupte et marquée de la salinité » due aux précipitations dans les bassins versants voisins, ces conditions durant des semaines, voire des mois.
Images tirées de l’étude, les marques sur les dauphins malades trouvés près des côtes australiennes. (Duignan et Col./ Scientific Reports)
Cette combinaison de pathologie et de facteurs environnementaux a permis aux auteurs de la nouvelle étude de créer la toute première définition de cas pour une maladie cutanée dite d’eau douce, et d’établir ce qu’ils considèrent comme un lien entre cette maladie et le changement climatique. L’espoir est que la recherche puisse améliorer le diagnostic et le traitement des dauphins touchés par cette maladie, qui, selon eux, ne fera que se généraliser.
Selon l’auteur de l’étude, le Pr Pádraig Duignan, pathologiste en chef au Marine Mammal Center (Etats-Unis) :
Cette maladie de peau dévastatrice tue les dauphins depuis l’ouragan Katrina, et nous sommes heureux de pouvoir enfin définir le problème. « Avec une saison d’ouragans record dans le golfe du Mexique cette année et des phénomènes de tempêtes plus intenses dans le monde entier en raison du changement climatique, nous pouvons absolument nous attendre à voir davantage de ces épidémies dévastatrices tuer des dauphins.
L’étude publiée dans Scientific Reports : Fresh water skin disease in dolphins: a case definition based on pathology and environmental factors in Australia et présentée sur le site du The Marine Mammal Center : New Skin Disease in Dolphins Linked to Climate Change.