Des tamarins adoptent l’accent de leurs voisins afin d’éviter les embrouilles…
Une étude révèle que les singes sont capables d’adopter de nouveaux « accents » afin d’être plus amicaux avec leurs voisins.
L’étude publiée au début du mois (lien plus bas), portait sur deux espèces différentes de singes vivant en Amazonie brésilienne : Les Tamarins bicolores (Saguinus bicolor) et leurs cousins, les Tamarins aux mains rousses (Saguinus midas).
Image d’entête : un tamarin bicolore (Saguinus bicolor). (Tainara Sobroza/ Université Anglia Ruskin)
Ces deux espèces partagent un répertoire limité de cris/ appel, qu’ils connaissent dès la naissance. Ces cris vont des avertissements face aux prédateurs aux appels d’accouplement.
Bien qu’ils parlent une « langue » similaire, les espèces émettent ces cris de manière légèrement différente, un peu comme les Britanniques et les Américains parlent anglais.
Les scientifiques ont constaté que lorsque les singes partagent le même environnement, les Tamarins aux mains rousses, qui ont une plus grande flexibilité vocale, modifient la fréquence et la durée de leurs cris pour les faire ressembler à ceux des tamarins bicolore, ce qui revient à prendre le même « accent » que leur cousin.
Tamarins aux mains rousses (Saguinus midas). (Viviane Costa/ Université Anglia Ruskin)
Pour le Dr Jacob Dunn, auteur principal de l’étude et professeur associé en biologie évolutive à l’université Anglia Ruskin (Royaume-Uni), cela aide probablement les espèces à se comprendre et à régler les conflits territoriaux alors qu’elles partagent le même environnement.
Son équipe a enregistré les cris des singes sur 15 sites qui se trouvaient soit dans des habitats qui se chevauchent, soit dans des endroits où une seule espèce vivait.
Dans le territoire partagé, bien que les tamarins bicolores n’aient pas changé leurs cris, les tamarins aux mains rousses étaient passés à un “sifflement légèrement plus pur”, une différence qui a pu être mesurée lorsque les sons ont été traités dans un spectrogramme, une représentation visuelle du son.
A partir de l’étude : spectrogrammes montrant comment les cris des tamarins aux mains rousses correspondent à ceux des tamarins bicolore dans un territoire partagé (en sympatrie). (Tainara V. Sobroza et col./ Behavioral Ecology and Sociobiology)
La modification des cris n’est observée que chez les tamarins vivant dans d’anciennes forêts vierges, et non dans des endroits où les arbres ont été coupés et où la végétation qui repousse est moins mature, avec moins de troncs épais, et transmettant donc le son différemment.
La convergence des cris d’animaux a déjà été observée chez différents oiseaux partageant le même habitat, mais c’est le premier cas de ce genre enregistré chez les primates.
L’étude publiée dans la revue Behavioral Ecology and Sociobiology : Convergent character displacement in sympatric tamarin calls (Saguinus spp.) et présentée sur le site de l’Université Anglia Ruskin : Primates change their ‘accent’ to avoid conflict.