La Chine vient de mettre en orbite une fusée alimentée au méthane, une première pour les vols spatiaux
La Chine a pris une longueur d’avance sur le reste du monde dans la nouvelle course à l’espace en lançant la première fusée spatiale alimentée par du méthane et de l’oxygène liquides. Le booster Suzaku-2 Yao de la société aérospatiale LandSpace a décollé du centre de lancement de satellites de Jiuquan, en Chine, le 12 juillet 2023 à 9 heures, heure de Pékin.
Image d’entête : la fusée Zhuque-2 de Landspace, alimentée au méthane, décolle du Centre de lancement de satellites de Jiuquan, en Chine, le 12 juillet 2023. (Landspace)
Également connu sous le nom de Zhuque-2 (ZQ-2, Phénix 2 en français), ce lanceur est propulsé par quatre moteurs Magpie TQ-12 fonctionnant avec un mélange de méthane et d’oxygène qui permettent chacun de générer une poussée de 670 kN (kilonewton), soit suffisamment pour placer 6 tonnes de charge utile en orbite terrestre basse.
Ce lancement réussi fait suite à une tentative infructueuse le 14 décembre 2022, ainsi qu’aux tentatives d’autres entreprises de faire voler une fusée alimentée au méthane, notamment aux Etats-Unis avec la Terran 1 de Relativity Space, le 22 mars 2023, et le Starship de SpaceX le 20 avril 2023. En outre, la société américaine Blue Origin est en train de développer son propre moteur à méthane pour des lancements orbitaux.
Le vol de Zhuque-2 est plus qu’un simple exploit technique. Il marque également une avancée majeure dans l’objectif des missions humaines dans l’espace lointain et dans les ambitions de la Chine de devenir la principale nation spatiale dans un avenir proche.
Zoom sur les propulseurs de la fusée Zhuque-2. (Landspace)
Jusqu’à présent, les missions au-delà de l’orbite terrestre reposaient essentiellement sur des propulseurs brûlant de l’hydrogène en raison de sa forte densité énergétique. Cependant, l’hydrogène cryogénique n’est pas pratique pour les missions de longue durée, car il se consume et il est difficile de le produire en dehors de la Terre. Le méthane constitue une meilleure alternative car il peut être stocké à des températures plus élevées, laisse moins de résidus dans les moteurs et n’est pas sujet à la fragilisation par l’hydrogène, qui peut endommager un métal en pénétrant dans sa structure cristalline.
En outre, des techniques sont en cours de développement pour permettre à des usines automatisées sur la Lune et sur Mars de produire du méthane à partir de matériaux locaux afin d’alimenter les voyages de retour des futurs astronautes.
Annoncée (en chinois) sur le site de la société LandSpace : Le lancement du véhicule de lancement de Zhuqiao II a été couronné de succès !